Mon corps
Je t’aime moi non plus, mon amour-haine avec la mode et les standards de notre société.
Camoufler
Depuis aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours eu une relation étrange avec les vêtements, avec la mode et l’image de soi. Il était une lointaine période où j’étais trop grande et trop fine pour ma taille. Trouver un pantalon qui ne me faisait pas avoir de l’eau dans les caves était un parcours du combattant. Durant mon adolescence, ma poitrine s’est rapidement développée, pour dépasser celle de toutes mes copines. Beaucoup m’enviaient et pensaient que j’avais de la chance d’avoir une si généreuse poitrine. Mais, la réalité est tout autre quand il s’agit de trouver des vêtements à sa taille. Pour moi, mettre une chemise standard équivaut à, soit avoir l’impression que les boutons vont exploser à chaque instant, soit avoir un grand décolleté plongeant qui dévoile tout mon soutien-gorge. Ce n’est pas comme ça que j’envisage de me sentir à l’aise, confortable, ni féminine ou sexy dans mes vêtements. La mode des pantalons taille haute a fait ses apparitions au fil de mon adolescence et de ma vie d’adulte. Mais, pourquoi à moi ces pantalons n’allaient jamais ? Dans ma taille habituelle, je n’arrivais jamais à fermer le bouton, ou je devais arrêter de respirer pour pouvoir espérer le fermer. Si je prenais une, deux, trois tailles haut dessus, je pouvais enfin fermer ce fichu bouton, mais j’avais l’impression d’enfiler un parachute et de faire tripler le volume de mes fesses.
Comprendre
Quand j’ai commencé la couture et que j’ai pris mes mensurations, tout s’est éclairé. Si je transpose mes mesures dans des tailles standards du commerce, voici ce que cela donne : mes fesses font du 36, mes hanches font du 38 et ma taille fait du 44. Mon 95 E ne rentre pas toujours dans du M ou du 38, bien que ce soit la taille que je suis supposée porter pour que les coutures d’épaules ne m’arrivent pas aux coudes. Mes t-shirts font régulièrement des plis disgracieux au niveau de l’emmanchure.
Mais, j’avais appris à vivre avec, essayant tant bien que mal de trouver des vêtements qui m’allaient approximativement. J’enviais beaucoup mes copines qui pouvaient se permettre de porter n’importe quoi, et sur qui tout allait à la perfection.
Briller
Mais en grandissant, en vieillissant, comment allais-je faire pour m’accepter telle que je suis, avec mes formes, mes courbes, ma morphologie, aussi parfaite ou imparfaite soit-elle ? Comment me regarder dans le miroir et m’apprécier à ma juste valeur quand je n’aime pas toujours ce que je vois dans le miroir ? Comment avoir des vêtements qui me correspondent, à moi, à ce que je suis et ce que je veux être ?
C’est la couture qui m’a amené la réponse : en créant mes propres vêtements, ceux qui reflètent ce que je suis, qui me font briller de l’intérieur et à l’extérieur.